[BG] Kamoh Alak Mahia allias Alamass
Le naufrage d’un Norn.
Aujourd’hui, mon père est mort, ou peut-être finalement, l’était-il depuis longtemps déjà. Depuis l’accident, il n’était plus que l’ombre de lui même, son corps fonctionnait mais il n’avait plus la moindre étincelle de vie dans le regard. Je me souviens du jour où tout a basculé comme si c’était hier : c’était un jour de printemps, j’avais douze ans. Les cours de magie continuaient régulièrement à la maison et étaient la source de nombreuses discordes entre mon père et moi.
Ce jour-là, la tension entre lui et moi était palpable :
- Je t’ai déjà expliqué pourquoi il fallait que je t’enseigne la magie, on va pas remettre ça.
- Ça ne sert à rien, tout le quartier nous prend pour des fous, à cause de toi. Et ton honneur de Norn, tu en fais quoi ?
- L’honneur, tu crois que l’honneur est une valeur plus importante que le savoir ?
- Le savoir …Lire un bouquin, ce n’est pas du savoir. Lire un bouquin, ce n’est pas de la magie. Tu as beau nous enseigner tout ce qui est la dedans, toi-même, tu es incapable de faire le moindre tour de passe passe ! Nous sommes des Norns ! Des combattants bons sang ! Pas des lopettes de magiciens !
Sur ces mots, j’avais claqué la porte, le laissant seul à la maison. Lorsque j’étais revenu, quelques heures plus tard, calmé, il était trop tard. Ses yeux étaient vidés de toute expression. Le fameux manuscrit, jonchant à même le sol, était ouvert sur une page où l’on discernait les mots suivants : “contrôle de l’esprit”.
En ce jour s’était arrêtée mon enfance et celle de mon frère. Celui-ci avait demandé de l’aide aux chamans pour qu’ils consultent les esprits, tant vénérés par mon peuple, était parti à la recherche d’un éventuel remède qui pourrait guérir notre père, et n’était jamais revenu. Quant à moi, je me penchai sur la source même de son état, la magie, et ce sans succès jusqu’à aujourd’hui. Cinq ans de ma vie à étudier ce satané manuscrit, en espérant y trouver une solution, et en cette morne soirée d’hiver, mes derniers espoirs disparurent en même temps que le peu de forces qui le maintenait en vie.
Je m’appelle Kamoh Alak’Mahias et je ne suis pas un Norn heureux, je sombre dans la solitude, sans aucune famille à laquelle me raccrocher. Il ne me reste d’eux que ce foutu bouquin dans lequel j’ai appris les bases de la domination de l’esprit. Ce bouquin qui a changé ma vie de la pire des façons qui puisse exister.
L’épanouissement d’un Norn.
Moi ? Norn ? Oui ! Mais pas que …
Les premières lueurs de l’aube apparaissent à l’horizon, la ville est encore silencieuse, je me hâte, le plus discrètement possible, pour rentrer chez moi.
- Ou vas-tu comme ça jeune Alak’Mahias ?
La voix semble venir du toit du pavillon du Corbeau. Un léger bruissement d’ailes plus tard une silhouette est postée devant moi. Décidément, ces chamans ont à n’en pas douter le sens de la mise en scène.
- J’ai profité du clair de lune pour faire une petite promenade.
- Tu joues là un jeu dangereux….
Il n’avait pas tort : depuis une dizaine de jour, les sorties de la ville de nuit étaient contrôlées. Des Jotuns semblaient se regrouper non loin de là, et ce n’était pas dans l’habitude de ces géants papillon d’être organisés. Mais cela ne freinait en rien, bien au contraire, mes escapades nocturnes régulières. Il me fallait juste redoubler de discrétion.
- Il me faut rentrer à présent. Mes respects Och’Hanzailizé, que l’esprit du corbeau t’accompagne.
Depuis la mort de mon père, ma vie a pris un tournant qui a fait ce que je suis aujourd’hui. Au lieu d’abandonner le livre comme chacun l’aurait fait à ma place, je me suis tourné vers son enseignement ainsi que vers les chamans du Pavillon du Corbeau. Avec eux, j’ai appris à respecter, servir et vénérer du mieux possible les esprits, mais aussi à utiliser leurs forces et leurs faiblesses. Et c’est notamment ces atouts-là qu’il me manquait pour apprendre à utiliser le contenu du manuscrit qui m’obsédait depuis si longtemps. Illusions, domination de l’esprit, envoûtement étaient tant de magies passionnantes que je commençais tout juste à maîtriser. Et le meilleur moyen pour me perfectionner rapidement était de travailler en situation réelle. Ainsi toutes les nuits, je cherchais ces sans cervelle de Jotuns pour m’entraîner, et Och’Hanzailizé n’en ignorait rien.
Cette nuit comme les précédentes, je m’étais faufilé en dehors de la ville. Je me dirigeait tout droit vers les emplacements connus des camps Jotuns, rapportés le jour même par les éclaireurs, dont j’avais pu intercepter les informations à grand renfort d’illusions. Quelques lieues plus loin, je décidais de me métamorphoser en corbeau un court instant pour tenter de repérer mes cibles de ce soir. Quelques coups d’ailes suffirent pour repérer deux Jotuns isolés. De nouveau au sol, redevenu simple Norn, je m’approchais furtivement, lames dégainées. J’étais fin prêt, la situation n’était pas à mon avantage, c’était la première fois que je m’en prenais à deux adversaires en même temps. Encore deux secondes de méditation pour appeler à moi la sagesse de l’esprit du corbeau et me voilà parti. J’invoquai une illusion de moi-même qui sortit d’un fourré et fonça sur le premier des deux Jotuns, celle-ci ne devrait pas durer longtemps, il allait falloir réagir vite. Tout en m’approchant d’eux par derrière, j’envoûtai le deuxième géant à l’aide d’un sort de domination, celui-ci esquissa un geste en direction de mon illusion, mais hurla de douleur à chacun de ses mouvements. Il finit par s’arrêter net, ne supportant plus ce mal, et chercha à tâtons sur son corps pour y trouver les aiguilles qu’il sentait à chaque fois qu’il bougeait. Sous les coups répétés du premier Jotun, l’illusion n’avait pas tenu, celui-ci, s’apercevant de la supercherie, se retourna et courut en ma direction. Je me projetai à son contact, laissant à ma place une nouvelle illusion, qu’il continua à prendre pour moi. Sans avoir le temps de réagir, il se retrouva une lame plantée dans la jambe, ce qui le fit trébucher et le mit à portée de mon autre lame qui lui traversa la gorge. Le deuxième était en train de s’agiter dans tous les sens, hurlant à l’agonie. Profitant de sa démence, je mit fin à ses souffrances, non sans un certain sadisme, en lui lançant un sort de lame illusoire en pleine tête. Il tomba lourdement au sol, mort sur le coup, sans aucune blessure apparente. Je repris mon chemin, dans l’espoir d’en dégommer un ou deux de plus avant de rentrer à Hoelbrak, mais sans succès pour ce soir.
Le soleil est levé depuis une bonne heure déjà, et j’essaie de trouver un peu de repos. Mais le sommeil ne vient pas, et dans ma tête tournent des tas de questions ? Les Jotuns sont une réalité, mais les dragons, les morts-vivants, la magie, la guerre, tout ça me paraît si loin, si abstrait. Oh et puis ce surnom ridicule dont m’ont affublés les gars du quartier : Alamass. Un diminutif pour certains, une manière de souligner que j’ai l’air d’avoir constamment la tête ailleurs pour d’autres. Je tente à nouveau de faire le vide afin de trouver le sommeil, mais en vain. Ces dangers qui menacent les peuples de Tyrie sont-ils aussi graves que le prétendent les chamans. Et pourquoi est-ce que ça me regarde, j’ai déjà assez à faire avec mon apprentissage de la magie, les chamans, et les Jotuns…..
Je m’appelle Kamoh Alak’Mahias et je ne suis pas un Norn comme les autres. J’ai comblé ce manque que je ressentais en moi, j’ai vaincu ma détresse. Si je croyais au destin, je serai impatient de savoir ce que celui-ci me réserve…
A suivre …
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Voilà le BG de mon personnage, je suis preneur de tout commentaire et/ou critique constructive pour peaufiner/améliorer mon écriture. La suite n’en sera que meilleure
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