[ Eh bien, eh bien ! Voici que voilà la section des fans s’agrandir doucement ! Je me décide à mettre mon coup de patte à l’édifice, avec un récit, qui est d’une certaine manière une tentative, sur l’univers de Guild Wars 2.
Ayant débuté à la sortie du jeu, sans rien connaître au Lore du premier et en venant dans le 2 en touriste complet, j’ai lu scrupuleusement les dialogues et autres petites scènes afin de mieux comprendre les institutions du jeu et, ce faisant, j’ai vite éprouvé cette admiration qui nous pousse à l’imagination: créer son histoire, outre les scénarios en jeu, et aménager la scène comme une pièce de théâtre pourrait s’ériger sur le thème de son époque.
Ce premier texte, introductif, a donc été rédigé comme un essai, dont le but est de tâter le terrain pour la publication d’une suite. Il est vrai qu’il est assez court, cependant j’aurais vite fait d’amplifier si les impressions sont bonnes. Non, ce n’est pas le principe de “laisser un comm sinon j’arrête”, seulement je suis en ce moment comme un aveugle avec son bâton, le tendant devant lui pour ne pas tomber dans une crevasse !
Bref, passons donc au récit, bonne lecture ! ]
Le silence d’un rêve, l’onirisme désenchanté des peines passées et à venir, ainsi que de l’héritage présent. Comme tous mes frères et sœurs je me suis éveillé à l’appel de l’Arbre. Les feuilles ont murmuré mon nom alors que j’étais assoupi, et doucement j’ai tenté de me frayer un passage dans le rêve. Sans consistance ni être mes paupières se sont ouvertes, et j’ai perçu le temps d’un instant le songe universel. Je m’étais retrouvé au milieu d’une bataille. Les serviteurs du Dragon ne cessaient d’assaillir mes pairs depuis les ombres du Bosquet. Il me semblait n’être vêtu que d’une toge sale et usée, émanant encore de vives lumières rougeoyantes, ainsi que d’une épée longue dans la paume de mes mains. Je n’eus le temps d’observer davantage la scène lorsque je fus pris d’assaut par une cohorte de créatures du cauchemar, que je repoussai sans mal. La lutte se poursuivait néanmoins partout autour de moi. Mais alors que les combats faisaient rage et que, animé de bienveillance, j’aurais pu porter aide à nombre de combattants en péril, je fus incapable de détourner mon regard d’un sylvari que je ne reconnaissais guère bien qu’il me paraissait familier. Lui-même me renvoyait la pareille, puis fit volte-face et s’éloigna à calme allure. Je ne sus que bien plus tard pourquoi, à ce moment, le désir de le suivre m’avait été si insupportable, à tel point que j’avais abandonné mes frères pour retrouver cet inconnu. Peut-être avais-je espérer que tout cela cesserait une fois ce mystère clarifié, ou simplement me réveiller et ne plus voir le massacre m’engloutir…
Et je l’avais vite retrouvé, en effet. Pour dire vrai, il m’avait attendu. Il se tenait debout, avec cette même rigidité que lors de nos premiers regards. Il était grand, surpassant ma propre taille et non de peu. Ses membres étaient fins et effilés, son corps noirci par les braises n’avait plus rien à envier à l’obscurité de l’ébène. Ses yeux larges n’avaient de lumière que la pupille allongée qu’ont les serpents, en leur centre régnait une cohue de miasmes pénétrants, s’écoulant jusqu’aux confins de l’iris comme une rivière de venin. Il m’épiait toujours, imitant ma réaction avec une absolue détermination. Il m’était aisé dès lors de savoir que cet être était venu pour moi dans ce rêve, pour ancrer le visage dans la pénombre de ses yeux du gardien auquel il était destiné. Ainsi dans un silence placide, tous deux ennemis mortels que nous étions désormais, nous prîmes le temps nécessaire pour que cette vision ne s’éteigne avant que l’un de nous ne succombe et, lorsque l’identification fut achevé, toujours sans une parole, chacun de nous repartit dans une direction différente. Dès cet instant, le rêve se termina. Dès cet instant, j’avais acquis la vie et, d’un même mouvement, la connaissance de l’objectif de celle-ci. Celui pour lequel ce don de vie a un sens, le seul méritant mon entière dévotion: je devais tuer ce nécromant du cauchemar.
(Modéré par vladivostok.1947)