Flamme et Froid - Pérégrinations d'une voleuse

Flamme et Froid - Pérégrinations d'une voleuse

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Posted by: Aspasie.3157

Aspasie.3157


Bonjour à tous !

Depuis que je joue à GW2, soit quelques mois à présent de manière occasionnelle, je suis tout simplement tombé en admiration devant les paysages, l’immensité du monde, le fait de le parcourir librement, bref, la grande liberté offerte dans l’environnement. L’histoire vivante, qui est très innovante, ajoute ce côté un peu inédit à chaque personnage : chacun fait ce qu’il veut, comme il l’entend. Il n’en fallait pas plus pour m’inspirer, moi qui rêvais d’écrire sur Guild Wars.
Au hasard d’un voyage en train, je me suis lancé dans cette aventure, qui se passe en marge de l’hitoire vivante "Flamme et Froid". Donc, bien entendu, ce n’est pas l’histoire principale que je vais ici décrire, bien que le point de départ soit le même (et bien entendu, l’histoire sera retrouvée de temps en temps en toile de fond, afin de conserver un semblant de cohérence avec le background).
Concernant la fréquence de post pour les éventuelles suites, je n’en ai actuellement aucune idée, dans la mesure où j’ai vraiment du mal en ce moment à écrire (c’est un miracle d’avoir pu pondre ça, et je ne garantis rien quant à la qualité de la chose d’ailleurs, n’osant pas me relire de peur de tout effacer de dépit). Du coup, advienne que pourra !
Bref, voilà donc pour la petite introduction qui me semblait nécessaire avant de partager ce début (qui sert de prologue et de présentation du personnage dans les très grandes lignes) avec vous qui, je l’espère, vous plaira ; surtout, n’hésitez pas à commenter, que ce soit de manière positive ou négative, c’est toujours encourageant de se savoir lu, et d’avoir des retours, quels qu’ils soient !
Sur ce, je vous souhaite une bonne lecture, et j’espère malgré tout que cela vous plaira ! :)

L’étendue de neige et de glace s’étalait à perte de vue, du sol des hauts plateaux aux pics perdus dans les brumes. Les Contreforts du Voyageur étaient constamment secoués par les tempêtes qui s’abattaient chaque jour sur les terres, balayant les campements de fortune mis en place par les courageux Norns. Aspasie n’était pas habituée à ces climats si inhospitaliers : elle était née et avait grandi en Kryte, où certes les hivers pouvaient être rudes, mais où l’on se gardait de sortir lorsque les temps étaient difficiles. Les verts vallons qui s’étendaient autour de la Dernière Grande Cité des Hommes n’étaient en rien comparables à ce territoire hostile, qu’elle avait crus domptés par les Norns.

Emmitouflée dans sa cape de fourrures dont elle ne parvenait plus à sentir la chaleur, elle se prit à maudire d’avoir accepté de se rendre dans ce pays. Déjà, car sa petite taille, même pour une humaine, la faisait passer pour une faible – tout juste une enfant, à vrai dire – auprès de ces fiers guerriers ; à son arrivée à Hoelbrak, son orgueil avait été sérieusement mis à mal par ces puissants géants, qui l’avaient copieusement raillée. Jusqu’à présent, elle n’avait eu affaire qu’à ceux qui voyageaient le plus, ces aventuriers dont la civilisation avait changé la manière de voir les choses. Ici, le choc avait été rude, plus encore que celui de la morsure du froid sur sa peau pourtant aussi blanche que la neige qu’elle piétinait. Et puis, il y avait le fait que de retrouver ne fût-ce qu’un seul rescapé parmi les monticules de glaces qui s’étaient accumulés depuis les premiers signaux tenait du miracle ; cela se comptait en jours, voire en semaines, et nul être correctement préparé ni organisé ne pouvait résister à une telle morsure… pas même un Norn.

Et pourtant, Aspasie continuait les recherches. Peut-être avait-elle-même admis inconsciemment qu’elle se retrouvait dans la même situation que ces pauvres villageois surpris par les tempêtes ; elle errait, sans savoir pourquoi ni comment, et cherchait de l’aide plus que des survivants. La seule différence était qu’elle était préparée à cela. Mais même dans ces conditions, elle sentait qu’elle ne tiendrait pas longtemps. Les vivres lui manqueraient bientôt, mais c’était avant tout la chaleur d’un feu qui lui faisait défaut. Il lui était impossible d’en allumer un correctement sans aide ; ses flèches de feu étaient bien trop précieuses pour être utilisées, même dans des conditions si extrêmes, et de toute façon, le vent aurait eu tôt fait de les éteindre. Il y avait longtemps qu’elle avait perdu son chemin, pour autant qu’elle se souvînt avoir su où elle se trouvait exactement ces derniers jours. Le confort de la maison familiale lui manquait atrocement, de même que les conseils avisés de son père. Aspasie se surprit même à désirer de la compagnie, en cette heure sombre, et jugea qu’il était alors temps de se reposer.

La viande était aussi froide que la neige et que sa couverture, mais elle tenta d’y trouver réconfort malgré tout. Une fois sa pitance consommée, la jeune femme s’allongea sur le sol en se recouvrant de toutes ses affaires. Et, comme chaque soir depuis son départ, elle s’endormit sous les étoiles, avec pour seule berceuse la mélodie criarde du vent qui battait contre son visage emmitouflé dans les fourrures.
C’est un bruit étrange, un éclat de voix, transperçant la nuit, qui la tira de son sommeil. Il devait s’être passé une heure à peine, car elle avait encore tous ses sens en éveil ; Aspasie se releva en sursaut, tendant l’oreille malgré les sifflements incessants de la tempête qui l’agressaient. Il y avait bien une voix qui s’élevait. Puis deux, puis trois, qui se répondaient, s’élevant parfois au-dessus du vent, et d’autres fois étaient étouffées. Elle était sûre de ne pas les imaginer. En revanche, elle ne reconnaissait aucune langue, ce n’étaient que des sons inintelligibles. Réunissant ses affaires à toute vitesse, elle se remit en route vers l’origine de ces sons aussi improbables qu’inespérés. Qu’ils fussent hostiles ou amicaux, ces êtres montraient au moins qu’il y avait de la vie dans cette contrée, et qu’elle était susceptible d’y trouver des villages, d’autres Norns qui sauraient la guider parmi toute cette neige.

S’approchant avec précaution, elle s’aperçut bientôt qu’il ne s’agissait pas de sa langue, ni même d’un patois norn. C’étaient des sifflements stridents, des caquètements, des grognements, et parfois, intercalés, des mots qu’elle comprenait. Au fur et à mesure qu’elle distinguait les voix, Aspasie en percevait les intonations, et il parut bientôt évident que cette petite troupe – car il devait y en avoir une dizaine au moins – était constituée de Draguerres. Elle ignorait tout de leur présence dans la région, et la trouva douteuse ; cependant, leurs intentions ne pouvaient être que belliqueuses. Ils ne sortaient que pour se réapprovisionner, et ce réapprovisionnement se faisait toujours dans des bains de sang. Aspasie abhorrait cette race depuis qu’elle avait fait ses armes avec la Garde du Lion. Nombre de ses jeunes camarades avaient été tués dans des embuscades draguerres, qui utilisaient un arsenal pour le moins hétéroclite, basé sur les sons et une technologie innovante. C’était à la fois barbare et ingénieux, mais la jeune femme en voyait surtout le premier côté. Elle ne supportait à vrai dire pas que l’on pût détourner les sons, la musique, en machine de guerre, alors qu’il s’agissait là du seul art neutre au monde, celui qu’elle chérissait plus que tout.

Aspasie ne réfléchit pas longtemps avant de se résoudre à les massacrer. Peut-être arriverait-elle à en faire parler un, mais le plus important était d’en tuer la plupart. Pour cela, elle était dans les meilleures conditions possibles : il faisait nuit, ils ne s’attendaient à voir personne, et elle était armée. Elle parvenait à se mouvoir comme une ombre ; et, lorsqu’elle était ombre parmi les ténèbres, elle était un assassin invisible, la Mort Aveugle.
Son arc était bandé, une flèche encochée. Aspasie vérifia que le petit réservoir était correctement placé sous le bois. Puis, elle estima la distance en fonction des voix qui lui parvenaient encore. Enfin, elle leva le bras, et lâcha la corde qui siffla silencieusement. La flèche fila, ballotée par le vent, vers le ciel d’encre. Lorsqu’elle entama la phase descendante, le liquide du réservoir s’agita, et explosa.
Le feu se répandit au-dessus des Draguerres, leur arrachant des cris de surprise et de terreur. Aspasie en profita pour les compter. Neuf. Elle les contourna, parfaitement invisible, alors que les flammes commençaient à les bruler. Dégainant ses dagues, elle fondit alors sur eux. Le métal frappait une seule fois, entaillant les chairs, sectionnant les membres. Rien ne lui résistait, elle savait où frapper et quand. Ses ennemis n’avaient pas réussi à voir d’où venait la menace.

Lorsqu’il n’en resta plus qu’un seul, Aspasie le plaqua au sol, et posa son visage tout contre le sien, ses longs cheveux blonds maculés par la neige et la boue flottant sur la tête de la taupe apeurée.
Il tremblait, et ses spasmes exprimaient une terreur absolue. La jeune femme ne put s’empêcher d’éprouver un sentiment d’intense satisfaction, celui de la tâche accomplie, du devoir de vengeance de ses frères d’arme.

-Où sont-ils ? Les Norns ?

Le Draguerre tremblait encore trop pour comprendre correctement la question. Aspasie insista une nouvelle fois, puis une troisième. Enfin, son ennemi pointa les traces dans la neige, qui venaient de sa troupe, et se dirigeaient plus loin, hors de portée de ce que les flammes éclairaient. C’était, une nouvelle fois, une véritable chance : les Draguerres avaient visiblement croisé des Norns, ou du moins savaient-ils où il y en avait.
Face à cet être immonde, Aspasie prit alors pitié. Elle le relâcha, se releva, et le laissa prendre ses jambes à son cou. Elle regretta son choix aussitôt après, mais laisser un survivant répandre des rumeurs avait toujours quelque chose de bon, notamment pour sa réputation personnelle. La Mort avait frappé les Draguerres cette nuit-là, et elle recommencerait dès qu’elle en croiserait.